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Cellitude

Jean-Baptiste Barrière, composition, électronique & conception des images

Anssi Karttunen, violoncelle

Pierre-Jean Bouyer,  réalisation des images

 

Cellitude a été conçue comme une performance prolongeant l'installation Autoportrait en mouvement du cycle Reality Checks. La version de Cellitude proposée sur le "enhanced-cd", est un film réalisé spécialement pour ce médium à partir des mêmes matériaux que la performance originale. Dans l'installation Autoportrait en mouvement, le public rencontre sa propre image dans un miroir électronique et découvre des mondes en quelque sorte cachés dans ou derrière le miroir.


Dans Cellitude, c'est le violoncelliste, Anssi Karttunen, qui va à la rencontre de sa propre image, visuelle mais aussi auditive, réfléchie par le miroir électronique. Cette dramaturgie donne à la pièce sa forme, et constitue un prétexte à une sorte d'investigation de l'identité du violoncelle. Recherche qui va de caractères introspectifs à spectaculaires, de l'étude microscopique à macroscopique de quelques-unes des nombreuses facettes de cet instrument polymorphique et insaissisable.


Dans cette pièce, le personnage du violoncelliste, Anssi Karttunen, devant le miroir, fait émerger par son jeu musical des images et des sons cachés en quelque sorte derrière le miroir ; en particulier une voix de femme japonaise, Tamami Tonno, récitant en japonais un haïku. Ce texte provient d'un recueil du poète Jacques Roubaud (Mono no aware, Gallimard, 1970), et est dit dans sa version originale japonaise, dans le même temps qu'en français (par moi-même) dans la version de Roubaud. « Puisque je pense que le réel n'est réel en rien, comment saurais-je que les rêves sont rêves? ».


Le choix de ce matériau est motivé par sa pure étrangeté par rapport à celui du violoncelle, ainsi bien-sûr que par sa thématique qui s'inscrit parfaitement dans l'esprit de Reality Checks.


C'est en découvrant, par son jeu, ce matériau, que le violoncelliste découvre sa propre identité. De la différence nait donc ici l'identité. Le caractère dramatique est progressivement défini par le dispositif et la confrontation entre les deux protagonistes : le violoncelliste et son reflet électronique qui d'abord l'imite, esclave de ses gestes, puis se libère et développe un discours autonome, énigmatique et imprévisible, qui lui échappe, et qui de par son extrême différence le ramène à la question de sa propre identité. Qui devra rester sans réponse définitive.

 

Cellitude, commande de Peter Revai, pour la Fondation Migros et le Musée d'Art Contemporain de Zürich, a été créee le 2 mars 1998 dans la grande salle du musée. La pièce a été réalisée avec l'assistance pour la partie musicale de Frédéric Voisin, et pour la partie visuelle de Isabelle Barrière (prise de vues et régie) et Pierre-Jean Bouyer (traitement des images). Elle est dédiée à Anssi Karttunen, évidemment.


Jean-Baptiste Barrière


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