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Kaija Saariaho, œuvres pour violoncelle:

Petals, Près, Spins and Spells

Anssi Karttunen, violoncelle


Petals (1988), pour violoncelle et électronique live


Petals pour violoncelle solo (1988) a été ecrit brusquement en quelques jours, mais évidemment après une longue période de préparation.

Le matériau de la pièce vient directement de Nymphea, pour quatuor à cordes et électronique. Le titre de cette pièce, « pétales », résulte de cette relation.

Les éléments opposées sont ici des passages fragiles, colorés, et des évènements plus énergétiques avec un caractère clairement rythmique et mélodique, bourgeonnés à partir du matériau précédent. Ces figures, plus detaillées et précises, traversent des transformations variées, pour se refondre finalement à la texture filigranée originale, moins dynamique mais non moins intensive.

Petals a été inspiré par le jeu de Anssi Karttunen, et lui est dedié.



Près (1991), pour violoncelle et électronique live


Près pour violoncelle solo et électronique est née en même temps qu'Amers, un concerto pour violoncelle et orchestre de chambre. Le matériau musical dans les deux oeuvres est dans une large mesure le même. Les seuls éléments identiques, cependant, une fois données les différentes manières de réaliser ce matériau, sont certaines parties de l'instrument solo et quelques uns des matériaux sonores électroniques.

En terme de forme et de structure dramatique, les pièces sont étonnement différentes. Les deux ont été produites à l'Ircam, et la partie électronique est très importante dans chaque cas. Dans Près, l'électronique continue et étend dans de nombreuses directions les gestes musicaux de l'instrument solo.

Près est en trois mouvements. Le premier se concentre sur une texture linéaire, dans laquelle la partie de violoncelle est à certains endroits fusionnée avec les sons synthétiques. Ce matériau est basé sur des enregistrements que j'ai fait avec Anssi Karttunen et que j'ai ensuite soit analysé et utilisé comme point de départ pour l'harmonie de l'oeuvre et la synthèse des sons, soit que j'ai transformé de différentes manières.

Dans une première version avec la Station d'Informatique Musicale de l'Ircam, la partie de synthèse était réalisée en utilisant des filtres résonants qui traitaient le son du violoncelle sur scène en temps-réel. Ces transformations ont été enregistrées et sont maintenant jouées à partir du disque dur d'un ordinateur.

L'électronique consiste en sons de synthèse, en séquences d'échantillons de violoncelle, en transformations du violoncelle, et en traitements en temps-réel avec des modules d'effets traditionnels (Yamaha SPX1000 et Lexicon LXP15), le tout piloté par un programme Max sur Macintosh, déclenché par une pédale contrôlée par le violoncelliste.

La version pour Station d'Informatique musicale de l'Ircam a été réalisée par Jean-Baptiste Barrière avec l'aide de Xavier Chabot, et a servi de base à la version Macintosh réalisée par Tom Mays à l'Ircam.

Le titre de la pièce fait le lien avec la pièce-soeur Amers , aussi bien qu'avec la toile de Paul Gauguin Près de la mer, et par-delà à l'expérience de la mer et des vagues, leurs différents rythmes et sons, tempête et accalmie. En d'autres termes : matériaux, formes des vagues, figures rythmiques, timbres. La charge progressive de la musique et le relâchement ultime de cette charge.

Près est dédiée à Anssi Karttunen, dont la collaboration sur l'oeuvre à permis sa réalisation et qui l'a créée à Strasbourg le 11 novembre 1992.



Spins and Spells (1997), pour violoncelle seul


Le titre de cette pièce évoque les deux gestes qui sont à son origine : d'une part des motifs que j'appelle « toupies », tournant sur place ou traversant des métamorphoses, et d'autre part des moments sans temps mesurés, centrés sur la coulers et la texture sonores.

Toute la pièce se développe autour ou entre ces deux gestes. J'ai choisi de réaccorder l'instrument afin de personnaliser l'écriture harmonique : les quintes sont ici remplacées par des structures qui favorisent sixtes majeures et tierces mineures.

Défile par cette scordatura, la sonorité de Spins and Spells me rappelle la musique et les couleurs instrumentales d'un autre temps, bien antérieures au violoncelle que nous connaissons, tout en étant vues et transformées à nouveau à travers mon propre univers.



Kaija Saariaho.

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